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Comme je n’ai jamais été très fort en orthographe, il
m’a fallu cinq bonnes minutes pour trouver le mot
(incurable) dans le dictionnaire. À voir les yeux
fatigués de mes parents, je me doutais que j’allais
lire une mauvaise nouvelle. " Incurable" : qu’on ne
peut soigner. Synonyme : inguérissable. Quel
rabat-joie ce dictionnaire ! Même pas une lueur
d’espoir ou un mot réconfortant. De colère, j’ai décidé
de le jeter et d’en écrire un nouveau, sans maladie et
sans pleurs, qui commencerait par « à vos marques
(parce que j’adore le sport) et finirait par « zoo
(parce que j’adore les animaux).
Si cette maladie est aussi méchante, m’a affirmé le
docteur, c’est parce que c’est une maladie
orpheline. Voilà une drôle d’explication : avoir perdu
ses parents, est-ce une raison pour se venger sur les
enfants des autres ? Je ne lui ai rien fait, moi, à cette
maladie au nom compliqué.
Pourtant, si j’écoute les gens autour de moi, elle finira
par me rattraper. Pas si sûr. La course, croyez-moi, je
Connais. Il faut me voir dans le stade : dès que j’ai
ma vieille paire de baskets aux pieds, rien ne peut
m’arrêter. Alors je vais courir, courir si vite que la
mort ne me rattrapera jamais. Courir avec mes
semelles de vent pour disperser aux quatre coins du
monde les pages de mon dictionnaire.
Et si je dois m’arrêter un jour, je sais que viendront
d’autres enfants pour prendre le relais, d’autres
courses, d’autres espoirs. Et quand nous serons des
milliers, quand nous serons une armée, nous
piétinerons la maladie. Avec pour arme notre volonté.
Et une bonne paire de baskets.
Là où il reste de l’espoir, il ne fait jamais nuit …
Chaleureusement
Guillaume Musso.
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